Une nouvelle technique par laser permet de combattre la sécheresse vaginale, qui peut survenir après la ménopause ou un cancer du sein.
Le phénomène de sécheresse intime est relativement courant, surtout après la ménopause. Les crèmes hydratantes et les ovules peuvent aider ponctuellement à retrouver souplesse et confort, mais leur emploi au quotidien n’est pas toujours bien accepté ni suffisant. Le laser apporte une nouvelle solution. Les explications de Sylvain Mimoun, directeur du Centre d’andrologie de l’hôpital Cochin (Paris)
En quoi consiste le traitement par laser de l’atrophie vaginale ?
Il est utilisé depuis un peu plus de trois ans seulement dans cette indication. On l’emploie en Europe, surtout en Italie, en France et en Grande-Bretagne, mais également aux États-Unis. Le principe est simple : régénérer les cellules vaginales. Il s’agit d’annuler les couches superficielles qui sont sèches, afin qu’elles soient remplacées par les cellules du dessous plus jeunes, plus hydratées, et de relancer la production de collagène.
Est-ce douloureux ?
Non, il s’agit d’un laser CO2 pulsé, qui ne brûle pas. Il est indolore. Je n’ai jamais vu de patiente avoir une réaction négative. Les parois vaginales ne sont pas innervées, seul le bord du vagin l’est à l’entrée. Reste cependant à savoir en pratique si ce laser pourra être supporté.
En effet, pour certaines patientes, même un examen gynécologique simple est très douloureux, voire impossible, notamment après un cancer hormono-dépendant, comme un cancer du sein. Si le vagin est très sec ou atrophié, il arrive que je ne puisse même pas placer le plus petit spéculum. Je leur prescris donc, un mois avant de les revoir, un traitement local à base d’ovules d’acide hyaluronique, de lubrifiants, ou si elles n’ont pas eu de cancer, d’ovules à base d’œstrogènes, qui rendent sa souplesse au vagin. Ensuite, je pratique l’examen pour voir si cette indication est la bonne. Il y a, en effet, des douleurs intra-vaginales qui ne sont pas dues à la sécheresse.
Concrètement, ça se passe comment ?
La femme est allongée en position gynécologique, et l’on introduit dans son vagin la pièce à main de la machine, comme on le ferait avec un spéculum ou avec la sonde d’une échographie endo-vaginale. Il n’y a donc besoin d’aucune anesthésie. Cette pièce est placée jusqu’au fond du vagin, et on revient, centimètre par centimètre, vers l’entrée du vagin, en envoyant à chaque fois une pulsation qui traite les parois à 360°.
Avec les nouvelles machines, il n’est plus nécessaire de tourner la pièce à main pour traiter chaque côté. Cela va donc plus vite : 20 minutes suffisent pour une séance. Les femmes sont agréablement surprises quand elles sentent que la pulsion ne fait pas mal. Le seul moment qui pourrait être douloureux est l’entrée du vagin, on diminue donc l’intensité à cet endroit.
Ce laser intra-vaginal permet-il d’en finir avec les comprimés, les ovules ou les crèmes ?
Oui, c’est l’objectif ! Beaucoup de femmes viennent, parce qu’elles trouvent les traitements locaux trop contraignants au quotidien, peu glamour et pas très pratiques à utiliser. Indépendamment de celles qui ont eu des maladies graves, ces femmes me disent : « Je veux redevenir comme j’étais avant, sans artifice. » C’est souvent après la rencontre d’un nouveau partenaire, ou même avec leur mari, car elles ne veulent pas montrer qu’elles ont besoin de lubrifiants. Ce serait pour elles le signe que quelque chose a changé, qu’elles ont vieilli…
Le laser est-il efficace pour toutes les femmes souffrant de sécheresse vaginale ?
A priori, oui. Les deux indications principales sont la ménopause, quand, après trois ou quatre ans, la vraie sécheresse s’installe, et que les moyens locaux ne les aident pas assez, ou après un cancer du sein. Les traitements anticancéreux entraînent une sécheresse du vagin, et les traitements anti-hormones, qui suppriment totalement les œstrogènes, assèchent le vagin. À tel point que certaines femmes ont du mal à marcher. Il faut donc pouvoir les aider dans leur vie de tous les jours, au-delà de leur vie intime, sans utiliser d’hormones. Le laser est une bonne indication.
Faut-il beaucoup de séances de laser pulsé ?
En général, il faut compter trois séances. Après un cancer, une de plus. Et la femme est tranquille pendant neuf mois à un an. Après ce laps de temps, on peut refaire une séance. Depuis qu’on utilise cette méthode, il n’y a pas eu d’effet secondaire notable qui interdise de recommencer.
Quelles précautions prendre quand on traite une sécheresse vaginale au laser ?
Après une séance, on conseille trois ou quatre jours d’abstinence : c’est le temps qu’il faut pour que les femmes sentent une amélioration. Entre les séances, s’il y a une déshydratation sévère, je suggère un traitement local hydratant non hormonal. Mais souvent, il n’y a aucune consigne particulière. Si la femme peut recommencer les rapports sexuels, il n’y a pas de contre-indication.
Les médecins sont-ils les seuls à pratiquer cette technique ?
En France, oui. Les mieux placés sont les gynécologues, puisqu’ils ont l’habitude de repérer la sécheresse vaginale et de la traiter, ils connaissent les gestes techniques pour placer un spéculum et savent suivre la courbure du vagin sans faire mal à la patiente. Pour le moment, cela se pratique en ville, dans des cliniques privées ou dans des cabinets regroupant plusieurs médecins. En revanche, les hôpitaux français ne sont pas encore équipés car l’appareil coûte cher et la politique n’est pas d’investir pour des soins qui touchent la sexualité. Pourtant, cela aurait des répercussions tellement importantes pour les femmes ayant eu un cancer !Où s’adresser ?
Quelques sites ont été créés par des médecins. Nous sommes en train d’en préparer qui traitera de tous les moyens pour hydrater le vagin (acide hyaluronique, led, laser…). Les femmes peuvent aussi demander conseil à leur gynécologue. Attention aux prix trop attractifs ou aux publicités trop voyantes ! Ce n’est pas forcément un gage de sérieux.
Combien ça coûte ?
En France, une séance coûte entre 300 et 600 €, suivant les villes et les lieux, non remboursés par la Sécurité sociale.